14 points à considérer avant d’investir dans Dollarama en bourse

Dollarama en Bourse
Spruce Point Management, un vendeur à découvert réputé, annonce que le prix de Dollarama pourrait s’effondrer de 40 % en Bourse, et ce, très rapidement. Je ne sais pas pour vous, mais j’aimerais bien en avoir dans mon portefeuille et cette petite tempête pourrait se transformer en opportunité si le prix continue de descendre.
Voici 14 points à considérer avant d’investir dans cette entreprise canadienne en Bourse.
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Qui est Dollarama ?
Si vous ne connaissez pas ce géant du commerce au détail, c’est que vous n’êtes pas canadien. Dollarama est une entreprise cotée en Bourse (TSX : DOL) qui compte aujourd’hui 1178 établissements, principalement au Canada. Elle est bien connue pour sa chaîne de magasins du dollar qui offre un vaste éventail de produits de consommation courante, de marchandises générales et d’articles saisonniers à des prix fixes d’au plus 4,00 $.
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Et qui est Spruce Point Management ?
Spruce Point Management est un gestionnaire de portefeuille qui se spécialise dans la recherche de compagnie vulnérable et surévaluée en Bourse pour en faire des ventes à découvert importantes.
Une de leur stratégie est de faire une promotion active des mauvaises nouvelles qu’ils ont trouvées sur la compagnie ciblée juste après avoir fait ses ventes à découvert.
Plus connue sous le terme américain « short sale activist », une vente à découvert permet de faire des profits lorsque le prix d’une action chute.
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Une vente à découvert, ça mange quoi en hiver ?
La façon de procéder est celle-ci : le vendeur à découvert emprunte les titres de la maison de courtage, puis procède à la vente. Ensuite, lorsque les prix des actions en Bourse chutent, il les rachète pour ensuite les remettre à la maison de courtage.
Bon, c’est un peu compliqué. Imaginez que j’emprunte un yogourt à mon ami Paul, car j’ai très faim aujourd’hui et les prix à la cantine sont trop élevés. J’ai donc consommé un yogourt que je n’avais pas. Demain, Paul me rappellera que je lui dois un yogourt, mais je serai patient et j’attendrai que ceux-ci soient en promotion à l’épicerie pour en faire l’achat, et lui remettre ce qui lui est dû éventuellement.
Je vous entends vous questionner. Eh oui, c’est légal sur les marchés boursiers. Apprenez en plus sur les marchés boursiers et la Bourse en général en consultant notre site apprendre la bourse.
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Mais que cherche à faire Spruce Point Management ?
De son propre aveu, Spruce Point Management a déjà procédé à des ventes à découvert avant d’annoncer au monde la mauvaise nouvelle. Il n’y a donc aucune surprise puisqu’en faisant cela, ils espèrent profiter de la baisse du prix de l’action en Bourse.
Ce qui cloche avec Dollarama
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Que dire des prix qui ont augmenté ?
Vous l’avez probablement constaté, mais les prix chez Dollarama augmentent constamment. Il y a une dizaine d’années, tous leurs produits étaient à un dollar ou presque. Aujourd’hui, si vous visitez le magasin du dollar de votre ville, vous trouverez des produits entre un et quatre dollars.
Cette hausse lente rend leurs produits moins concurrentiels par rapport au même produit proposé chez un compétiteur. Je vous donne un exemple : une paire de ciseaux à quatre dollars vendus chez Dollarama se trouve facilement au même prix chez Canadian Tire.
C’est un bon point de Spruce et je dois avouer être d’accord avec eux.
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De moins en moins d’ouverture de magasins
En fait, chaque année de plus en plus de Dollarama ouvrent leurs portes. Toutefois, ce rythme est à la baisse. Nous sommes loin d’une entreprise qui est dans un marché mature comme McDonald’s. D’après les chiffres, il est évident que le rythme d’augmentation de nouveaux magasins a diminué.
Cela dit, j’ai de la difficulté à y voir une justification de vente à découvert. Je veux bien croire que le rythme d’augmentation du prix de l’action diminuera, et que le prix de l’achat de Dollarama en Bourse devra être plus réfléchi que par le passé, mais je doute fortement que ça justifie une vente à découvert.
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L’achalandage n’augmente plus
Spruce Point Management affirme qu’il n’y a plus d’augmentation de l’achalandage, mais c’est difficile à vérifier. Ce qu’on comprend, c’est qu’un Dollarama ouvert dans une ville précise a un nombre de visiteurs qui demeurent constants. Encore une fois, j’ai de la difficulté à voir ce point comme étant négatif et qui justifierait une vente à découvert.
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Ralentissement dans la croissance des ventes
Ce point est vrai et nous saute aux yeux lorsqu’on observe les ventes des dernières années. Dollarama nous avait habitués à une croissance d’environ 14 % par année, mais pour les prochaines années, ce chiffre sera plutôt de 8 % à 10 % de croissance par année.
Cessons de nous morfondre, on parle quand même de croissance. C’est positif ! Bien des entreprises de la taille de Dollarama rêveraient d’avoir une croissance de 8 % par année.
Mais en Bourse, une action est souvent évaluée par rapport à sa capacité à générer une croissance future. Donc, une croissance future moins élevée équivaut à une valeur moindre en Bourse.
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La croissance des profits est insoutenable
Bien que Dollarama soit un premier de classe en ce qui concerne les profits, l’entreprise nous a habitués à une augmentation constante année après année, voire trimestre après trimestre. Que l’entreprise ait été en mesure de maintenir une croissance de son bénéfice par action à une moyenne de 25 % par année dans les dernières années est douteux. Oui, vous avez bien lu, 25 % par année.
Spruce Point Management nous indique ses doutes quant à la possibilité pour l’entreprise canadienne de maintenir cette croissance dans l’avenir. Et n’importe qui avec un dollard de logique sera d’accord.
Je tiens à éclaircir un point chaud : comment une entreprise dont les ventes augmentent de 10 % par année peut-elle augmenter son bénéfice de 25 % par année ? La réponse est simple : c’est dans l’augmentation du prix de leurs produits. Si au lieu de vendre une tasse à café un dollar, ils l’a vendent deux dollars, ils en vendront moins, mais le profit par tasse augmentera de façon dramatique. C’est de cette façon que Dollarama a augmenté ses profits dans les dernières années.
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Comptables, ce rapport vous intéressera !
Si vous êtes un comptable, vous adorerez lire ce rapport. Personnellement, je trouve les termes troublesome management and governance red flags un peu exagérés considérant que ces libertés comptables sont dans les limites de la légalité et en tenant compte que c’est un analyste américain qui examine une comptabilité canadienne. Particulièrement en ce qui concerne le edging de devise, phénomène courant au Canada. Bref, le rapport n’est pas faux, mais Spruce Point Management choisit de voir le verre à moitié vide.
Pour ceux qui veulent tirer leur propre conclusion en lisant le rapport, vous pouvez le télécharger en PDF. Il est disponible ici.
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Le chef de la direction l’avait annoncé
Dans sa dernière conférence avec les analystes, le chef de la direction de Dollarama, M. Rossy, a dit : « il n’y aura pas de hausse de prix sur les produits pour l’instant afin de rester concurrentiel et parce que les prix d’achat des fournisseurs sont stables ».
Bref, rien de nouveau n’a été dit par Spruce Point Management puisque cela avait déjà été annoncé par la direction de l’entreprise canadienne. Et si vous observez le graphique, vous remarquerez que le prix de l’action s’est déjà corrigé passant de 50 $ cet été à 40 $ récemment.

Graphique en bourse de Dollarama
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Dollarama en chiffres
2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | |
Revenu en million | 1800 | 2000 | 2300 | 2600 | 2900 | 3200 | E 3500 | E 3800 |
Bénéfice par action | 0,49 | 0,58 | 0,74 | 1,00 | 1,24 | 1,52 | E 1,71 | E 1,94 |
Dividende | 0,07 | 0,088 | 0,10 | 0,12 | 0,13 | 0,14 | E 0,15 | E 0,18 |
*E pour estimer
L’estimation pour 2019 et 2020 est celle des analystes affectés à la couverture de Dollarama. Ce sont ces chiffres que Spruce Point Management identifie comme difficiles à atteindre.
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Dollarama, je te veux dans mon portefeuille boursier!
Dollarama en Bourse est sûrement l’un des titres que vous souhaitez avoir dans votre portefeuille, tout comme moi d’ailleurs. Le problème dans les dernières années est que le titre a toujours été beaucoup trop dispendieux et se négociait à des ratios qui étaient dans la stratosphère.
Par exemple, en 2017 le ratio court-bénéfice de Dollarama était de 43 fois (54 $/1,24). OUTCH! Il y a quand même une limite à « payer pour de la qualité ». C’est étrange d’utiliser cette expression pour décrire Dollarama !
Aujourd’hui, le ratio court-bénéfice est à 22,5 fois (36 $/1,6) ce qui est mieux.
Mais ce qui serait une aubaine, c’est un prix dans la fourchette de 28 $-32 $. À ce prix, le cours-bénéfice sera de 18 fois.
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Dollarama, cette machine à imprimer de l’argent
Pour 2018, les ventes sont de 3,2 milliards et les profits sont de 519 millions. Les profits représentent donc 16 % des ventes. Pour une entreprise de commerce au détail, avoir des chiffres aussi élevés est presque impossible à concevoir.
Un gros bravo à la direction pour l’atteinte de ces objectifs, et ce, année après année. Comme j’aime le dire, nous avons affaire à un premier de classe.
Bref, j’en veux dans mon portefeuille et cette petite tempête pourrait se transformer en opportunité si le prix continue de descendre.
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