Une fois de plus, tout le monde parle du prix du baril de pétrole. Normal, il s’est effondré et est passé sous la barre du zéro pour atteindre -37,63 $. Mettez un X sur votre calendrier!
Commentaire fait quelques années après la publication (en jaune) : Article publié en avril 2020. Je le conserve car il représente un excellent exemple d’un comportement extrême sur les marchés boursiers. Pour vous en convaincre, affichez un graphique couvrant avril 2020 et observez le comportement à la hausse dans les mois qui ont suivi.
Par exemple, vous pouvez utiliser cette liste des plus grandes pétrolières canadiennes : Liste des pétrolières canadiennes.
Moralité : Quand la panique s’installe, c’est souvent le moment idéal pour l’investisseur avisé.
Deux grands joueurs, plus un qui aime le risque
La Bourse est un marché d’acheteurs et de vendeurs pour les barils de pétrole. D’un côté, nous avons les vendeurs/producteurs (puits de pétrole) et de l’autre les acheteurs de pétrole (raffineries).
Vous devez savoir que, lorsque vous entendez le prix du baril dans les médias, c’est un prix standardisé. Alors que ce qui est publié sur le graphique est un prix moyen pour les livraisons futures.
Toutefois, dans la vraie vie, un baril se négocie par contrat de livraison à un endroit et à une date spécifique.
Ces contrats expirent le 3e mardi de chaque mois. Cette semaine, les contrats arrivaient donc à échéance pour les livraisons du mois de mai.
Que croyez-vous qu’il s’est passé ce mardi?
Le quai des acheteurs était désert. Personne pour acheter les livraisons du prochain mois. Misère!
Ce sont particulièrement les livraisons du mois de mai au Texas, le West Texas Intermediate (TSX : WTI) qui ont été le plus touchées. C’est donc sans surprise si le prix est dans le négatif avec -37,63 $.
C’est la première fois que la valeur du pétrole américain descend sous la barre du zéro.
Plus près de nous, le Western Canadian Select, un type de pétrole brut provenant de 19 bitumes extraits des sables bitumineux de l’Athabasca en Alberta, a atteint le prix de 3,96 $ dans une même journée.
Pour mieux comprendre la façon de calculer le prix du baril de pétrole brut canadien, lisez cet excellent article qui a été écrit dernièrement.
Ce que vous devez comprendre, c’est que très peu de pétrole est négocié à ce prix de -37$. Et ce n’est certainement pas les vendeurs/producteurs (puits de pétrole) qui attendent la fin de la journée à la dernière journée de transaction pour vendre leur production.
Je suis sérieux, ce n’est pas la faute aux producteurs de pétrole. Mais alors, qui pourraient avoir des positions 10 minutes avant la fin?
La réponse est simple : ce sont les spéculateurs.
Donc, ces spéculateurs ont acheté de grosses quantités de pétrole (nous parlons de contrats de livraison) et espèrent que le prix remontera. Ils pourront alors les revendre et récolter les profits.
Vous doutez-vous du problème que ces petits garnements pourraient rencontrer?
Exactement! Ils ne peuvent en aucun cas accepter une livraison réelle de pétrole.
Ces spéculateurs doivent absolument liquider leur position avant la fin de la dernière journée de transaction. Rappelons-nous qu’ils spéculent et ont dû vendre en faisant des pertes colossales. Dans plusieurs cas c’est probablement leur courtier qui forcé la liquidé la position.
Trop de pétrole, partout!
Nous croulons sous le pétrole. Les producteurs ont dû réduire leur production, et peinent à la vendre, mais la question que je vous pose est la suivante : pourquoi les raffineries n’achètent-elles plus de pétrole?
- Nous sommes pour la majorité confinés à la maison, en télétravail ou non. Nos déplacements sont grandement limités, j’en ai parlé dans l’article de la semaine dernière, plus personne n’utilise sa voiture sauf pour aller à l’épicerie, les avions ne volent pratiquement plus. Malgré le prix de l’essence vraiment très bas, la consommation a grandement baissé. C’est pourquoi les raffineries ne veulent plus de pétrole, elles pensent simplement ne pas en avoir besoin dans les prochaines semaines.
- La deuxième raison, et non la moindre, est qu’il manque d’espace pour entreposer tout ce pétrole. À Montréal-Est sur la rue Notre-Dame, il y a de gigantesques réservoirs de pétrole. Ils doivent être pleins à rebord!
La revue Forbes estime que les espaces d’entreposage en Amérique pourraient être pleins d’ici la mi-mai. D’ailleurs, une des grandes réserves aux États-Unis se trouve en Oklahoma et l’entrepôt est déjà plein à 75 %.
Certains sont tellement à la recherche d’entreposage qu’ils louent des bateaux pétroliers à 175 000 $ par jour, soit six fois le prix habituel, juste pour entreposer du pétrole.
Les conséquences de ce trop-plein se font sentir en Alberta et en Saskatchewan, plusieurs entreprises dont Husky Energy et Crescent Point Energy ont annoncé des mises à pied massives, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui en subiront les conséquences.
Investisseur en Bourse, il y a peut-être du positif
Avez-vous remarqué que le prix des actions des entreprises pétrolières n’a pratiquement pas réagi?
Nous pouvons presque dire que tout ce qui est plus haut n’a simplement «pas existé» ou n’a pas été pris en compte pour le prix des actions des entreprises pétrolières.
Il faut dire que le prix de leurs actions en Bourse avait déjà chuté de beaucoup, 60 % en moyenne depuis la mi-février. La plupart d’entre eux avaient déjà vendu une partie de leur production quelques semaines voire plusieurs mois en avance.
Mais ce manque de réaction est très révélateur à mon avis.
Premièrement, ceci est un changement par rapport au dernier mouvement. Les investisseurs sont maintenant en mode « post-COVID-19 », et se disent que c’est trop bas, alors ils ne vendent plus.
J’aime cette attitude collective qui marque un point de support sur le prix des actions.
Même si la moyenne des pétrolières a chuté d’environ 60 %, certaines ont vu leurs actions chuter encore plus. Prenons tout cela comme un test : les entreprises qui réussiront à passer à travers cette crise, sans faire faillite, seront d’excellentes occasions d’investissements dans les prochains mois pour l’investisseur boursier.
Mais la partie n’est pas gagnée. Les pétrolières doivent commencer par survivre financièrement dans les prochains mois, la consommation d’essence doit reprendre, les réserves doivent baisser et le prix du baril doit remonter.
Tenez-vous bien, car les prochaines semaines seront très excitantes dans l’énergie.
Pour ceux qui m’ont lu jusqu’à la fin, voici un petit bonus. J’ai créé une liste de toutes les compagnies pétrolières de Toronto. Dans la nouvelle section liste. Des heures de plaisir en perspective.
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Bon trading tout le monde!