Une nouvelle inscription en Bourse de NYSE n’est pas passée inaperçue. La société américaine Palantir a commencé sa vie boursière à 10 $, soit bien au-dessus du 7,25 $ annoncé, pour terminer à 9,50 $. Nous savons peu de choses sur cette société presque secrète. Elle est tellement discrète qu’il nous est difficile de savoir précisément ce qu’elle fait, comment elle le fait et pour qui exactement. Je considère habituellement la discrétion comme une qualité. Chez une personne, pas une entreprise.
Je dois tout de même m’incliner devant le choix du nom de la société. C’était une idée de génie. Même le logo fait référence à l’anneau de Frodon ou encore à une boule de cristal.
Palantir, la pierre de vision du Seigneur des anneaux.
Commentaire fait quelques années après la publication (en jaune) : Cet article, publié le 2 octobre lors de l’émission des actions à 10 $, a suivi une trajectoire impressionnante, atteignant 35 $. Toutefois, comme c’est souvent le cas avec un titre à moyen terme, il est retombé à 5 $ en 2022. Aujourd’hui, au moment d’écrire ces lignes, le titre est remonté à 60 $.
Certaines entreprises sont faites pour le long terme, tandis que d’autres, comme celle-ci, sont bien plus efficaces dans une stratégie de moyen terme ou de swing trading.
Je conserve cet ancien article de blogue parce qu’il représente un bel exemple d’une histoire captivante, presque légendaire, qui se raconte facilement. L’entreprise elle-même est excitante, son récit est simple à comprendre, et c’est un sujet idéal pour alimenter une conversation près de la machine à café. Bien sûr, j’explique ce concept plus en détail dans la formation à moyen terme, mais ce commentaire en offre une version simplifiée de l’effet d’une bulle spéculative des investisseurs envers un titre.
L’œuvre de Tolkien
Nous connaissons tous plus ou moins la trilogie du Seigneur des anneaux.
Lorsque Frodon, le hobbit, et la Communauté de l’anneau débutent leur quête pour détruire l’anneau, ils doivent être d’une discrétion ultime pour réussir. Mais Saroumane les surveille dans sa boule de cristal.
Ce qui nous intéresse ici, c’est la pierre Palantir qui a une fonction très intéressante : elle permet à son utilisateur d’observer des lieux lointains dans l’espace et le temps, comme dans une boule de cristal. Autrement dit, elle sert à espionner.
Pourquoi Le Seigneur des anneaux dans un article sur Palantir en Bourse? Premièrement, parce que j’aime cette belle histoire. Mais surtout pour le parallèle entre la pierre de l’histoire et les activités de Palantir, la société.
Palantir en Bourse, l’entreprise
Bien que beaucoup de mystères planent autour de Palantir (PLTR), nous connaissons quand même certains détails de la société.
Fondée en 2004 avec des fonds provenant de la CIA, Palantir a commencé par créer des logiciels pour les opérations antiterroristes des services américains de renseignement. Elle aurait même aidé à localiser Oussama Ben Laden.
Elle crée depuis des logiciels d’analyse de données massives spécialisés dans les données granulaires. C’est l’incapacité à trouver une technologie plus flexible qui a amené Alex Karp, le co-fondateur, à lancer Palantir.
Nous savons aussi que les premiers employés de la société secrète, pardon, de la société américaine, proviennent de la CIA. Normal, direz-vous, puisque cette agence de renseignement a injecté les fonds nécessaires à son lancement. Vous avez raison, mais il faut savoir que Palantir développe les logiciels de surveillance utilisés par le gouvernement et les très grandes entreprises.
Palantir, la pierre de vision de Tolkien et Palantir, la société qui développe des logiciels de surveillance.
Bam! Vous comprenez maintenant la comparaison avec Le Seigneur des anneaux!
Projet Gotham
Le Projet Gotham est destiné aux agences de renseignement et service d’intervention. Une surprise? Pas vraiment!
Palantir en Bourse justifie ce nouveau projet en affirmant que les gouvernements possèdent un nombre incalculable de données, et que si Palantir les combine toutes dans le projet Gotham, l’intelligence artificielle pourra prévoir les menaces à la sécurité nationale.
Je ne ferai aucun autre commentaire sur ce projet sans consulter mon avocat.
Scandale à la « Big Brother »
En 2009, JPMorgan Chase a cherché à identifier ses employés à risque avec le logiciel de Palantir : lecture de leurs courriels, historique de navigation, adresses GPS visitées dans les téléphones d’entreprises, entrée avec les badges, écoute des conversations téléphoniques.
Ce scandale pourrait pratiquement être la base d’un film sur la fin de la vie privée. J’aime beaucoup le visuel de Bloomberg en haut de page, cela résume très bien l’entreprise.
Secrets, mystère et nouveautés
La clientèle et les produits de la société boursière sont plutôt secrets.
Apparemment que l’armée et la marine américaine, la CIA, la sécurité intérieure, le fisc américain (pour détecter les fraudes dans les déclarations de revenus) feraient partie des clients de Palantir.
Au Canada, le Service canadien des renseignements de sécurité utilise leur logiciel pour détecter des opérations d’espionnage. En France, c’est la direction générale de la sécurité intérieure qui l’utilise à ces fins.
Il y a toutefois quelque chose de nouveau : la version de ce logiciel pour les entreprises.
La société compte maintenant Airbus, le pétrolier BP, Merck Frost, pour ne nommer que ceux-là, parmi ses clients.
La société Palantir a un revenu d’un milliard, mais seulement 125 clients au premier trimestre. De plus, malgré son entrée à la Bourse NYSE, elle n’est toujours pas «rentable». Sur un chiffre d’affaires de 743 millions l’an dernier, elle a perdu 580 millions.
Conclusion en chiffres
Palantir, c’est :
- Un revenu d’un milliard
- Une croissance de 40 % sur l’an dernier
- La prévision d’une croissance de 40 % par an
Inutile d’avoir une boule de cristal pour vous dire que c’est pour le moyen terme uniquement ici. On peut mettre un anneau dans plusieurs doigts pour le moyen terme :
- La croissance
- L’histoire, les rumeurs et la propagation de celles-ci
- La nouvelle rentabilité possible avec le produit pour les entreprises
- Les possibles scandales
- Etc.
Attention aux Orques : un important bémol toutefois. Cette nouvelle émission n’est pas accompagnée d’une période de « no trade » pour plusieurs des actionnaires actuels importants, ce qui est inhabituel. Certains de ces actionnaires sont présents depuis plusieurs années et pourraient avoir le désire lancer un enchantement pour transformer leurs chiffres sur papier en argent réel. Donc, des vendeurs…
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Bon trading tout le monde!
