Trop heureux de ranger nos manteaux d’hiver et d’avoir un peu de chaleur dans nos vies, c’est l’été qui arrive. Pauvre Canada Goose qui doit avoir hâte à l’hiver prochain. Mais non. L’entreprise en Bourse a d’autres projets et de bonnes nouvelles : l’action est en hausse de 17 %.
Quelques chiffres
Canada Goose (TSX : GOOS) a publié son rapport annuel cette semaine.
Mais ce que je retiens, ce sont surtout les chiffres du quatrième trimestre par rapport au même trimestre en 2019, soit les ventes pour les mois de janvier, février et mars.
Pratiquement 50 % du trimestre se trouve pendant la pandémie de la COVID-19, la crise étant déjà bien établie dans le reste du monde en janvier, février et mars, avant le confinement plus récent au Canada.
Vous-mêmes :
Revenu en 2019 : 156 millions $
Revenu en 2020 : 140 millions $ (baisse de 10 %)
Profit en 2019 : 9 millions $
Profit en 2020 : 2 millions $
Honnêtement, je m’attendais à bien pire, mais ce ne l’est pas tant que ça.
Premièrement, un manteau d’hiver est considéré comme une consommation discrétionnaire. Après tout, nous en avons déjà un. À moins d’être en lambeaux, celui de l’an dernier peut très bien faire l’affaire.
Deuxièmement, un manteau à 1500 $ n’est absolument pas nécessaire dans votre garde-robe. Il est tout à fait possible (et raisonnable!) d’en acheter un qui vous tiendra au chaud lors des grands froids pour un zéro de moins. Je considère donc cet achat comme un luxe.
Troisièmement, nous parlons ici de vêtements, de textiles. Toutes les boutiques sont fermées depuis la COVID, certaines commencent seulement à rouvrir leurs portes.
On avait donc trois bonnes raisons pour avoir des ventes anémiques et des pertes énormes. Et franchement, les résultats ne sont « pas si pires ».
Surprise! Un contrat gouvernemental!
Vous avez bien lu, Canada Goose a obtenu un contrat avec le gouvernement fédéral pour produire 60 000 jaquettes d’hôpital par semaine. Ce seront 900 employés qui travailleront à la confection de 1,5 million de jaquettes dans 8 usines au Canada. L’entreprise de Toronto a même rappelé au travail des employés des usines de Montréal et Boisbriand.
À noter que l’entreprise canadienne compte livrer 14 000 unités gratuitement dans différents hôpitaux du pays et vendre les autres au prix coûtant.
Je parie que ces jaquettes seront chaudes et légères comme une plume!
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Pas si pire
Pourquoi ces chiffres ne sont pas si pires? Canada Goose était déjà dans un effort conscient pour réduire leur nombre de points de vente afin de diriger les clients vers le commerce en ligne. L’entreprise en Bourse a d’ailleurs réduit d’une bonne centaine le nombre de leurs points de vente en 2019. Le pourcentage des ventes de Canada Goose est à 57 % aux distributeurs et 43 % directement aux consommateurs.
La vente directe au client fait une grosse différence, ce qui se résume à une augmentation importante des ventes en ligne. Pour le même manteau vendu sur leur boutique en ligne, Canada Goose en vend le double et obtient le triple des profits! C’est normal puisqu’il n’y a aucun distributeur à payer.
Il faut dire qu’elle a un net avantage sur la concurrence : leurs manteaux ont un look classique. Pas de motif ou de couleur spéciale, Canada Goose reste dans le tissu uni et les couleurs neutres sauf pour le fabuleux rouge pompier ou l’éclatant bleu royal. L’avantage de ne pas suivre la mode et rester dans le classique est qu’il leur sera facile de vendre les invendus de l’année à l’hiver suivant.
Être classique est une mode en soi et donc indémodable!
Canada Goose fait d’une plume, deux coups en obtenant ce contrat : le timing est bon puisque le trimestre d’avril, mai et juin ne représente que 7 % de leurs ventes.
Pour plusieurs, ce sera les 3 pires mois de l’année.
Qui est Canada Goose?
Saviez-vous que Canada Goose existe depuis 1957? Cette entreprise canadienne a été fondée à Toronto sous le nom de Metro Sportswear Ltd par Sam Tick, un entrepreneur visionnaire immigré au Canada.
Canada Goose est principalement un fabricant de manteaux d’hiver de luxe dans une fourchette de prix entre 850 $ et 1595 $, sans oublier des tuques à 150 $ et des chandails à 495 $. Tous ces articles sont fabriqués au Canada par 2600 employés et vendus dans 2200 points de distribution dans 38 pays.
Ne pas avoir froid l’hiver = Canada Goose.
Tout le monde le sait. Mis à part le prix élevé, c’est ce que nous retenons de cette marque. Et les premiers à s’en être rendu compte, ce sont les Européens. Maintenant, le monde entier est au courant et adore cette entreprise canadienne en Bourse.
Décembre 2019
Au début décembre 2019, j’avais publié un article de blogue, incluant une vidéo, lorsque le prix était à 75 $.
Avant de me jeter des plumes et du goudron, allez bien lire l’article, écoutez la vidéo et observez le graphique sur 2 ans.
Je retiens les phases suivantes :
«… Nous ne pouvons pas parler d’opportunité pour l’investisseur à long terme (celui qui achète des actions et les oublis) puisqu’à mon avis, le ratio actuel est un non-sens. »
Et :
« … N’oubliez pas de placer des points de sortie en cas de correction, car au premier résultat financier un peu moins reluisant, le titre va tomber comme un bloc de glace. »
Observez le graphique : le titre continue à faire des cycles d’une amplitude importante, incluant un autre de 60 $ à 80 $ quelques semaine après l’article et plusieurs autres dans la brochette des 45 $ – 60 $. La stochastique a particulièrement bien performé ici.
À 34 $, le prix actuel demeure élevé pour de l’investissement à long terme, car la croissance sera moins au rendez-vous dans les prochaines années. Je demeure dans ma pensé que nous sommes dans du swing trading ici.
Marge de profit de Canada Goose en Bourse
Dans les dernières années, nous remarquons deux types d’entreprises dans le secteur de la consommation qui connaissent un succès retentissant en Bourse. Les magasins au rabais comme le Dollarama et à l’inverse, les entreprises de luxe comme Canada Goose.
Inutile d’avoir un bac en finance pour comprendre que les profits abondent lorsque les entreprises peuvent vendre une tuque à 150 $ ou un chandail à 495 $.
Pour l’année 2018, le profit de Canada Goose en Bourse était de 96 millions sur des ventes de 591 millions. Soit 16,2 % ce qui est exceptionnel pour le domaine du textile, même pour le secteur de la consommation en général ou tout autre secteur. Avec des chiffres pareils, nous nous approchons de Dollarama qui est littéralement une machine à imprimer de l’argent.
Portrait de l’entreprise canadienne en vidéo
Chaque manteau Canada Goose est fait en double. La doublure intérieure est faite en premier, et ensuite c’est au tour de la coquille extérieure. Regardez la vidéo du fabricant de manteaux.
Conclusion
J’ai envie de vous faire part d’une citation, faussement attribuée à Darwin, mais néanmoins véridique dans le monde de l’économie : «Les espèces qui survivent ne sont pas les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements.»
Ce qui sauvera l’économie canadienne (et mondiale!) ce sont les entreprises qui s’adapteront aux nombreux changements que la pandémie mettra sur leur chemin. Imaginatives, nos entreprises ont ce pouvoir.
Voilà!
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Bon trading tout le monde!