Saviez-vous que Bombardier en Bourse avait encore des morceaux à vendre? Surprenant, non? C’est ce que nous avons appris cette semaine par le Wall Street Journal et le ministre Fitzgibbon.
Tapissée mur à mur dans l’actualité, cette nouvelle en a surpris plus d’un. Essayons de la voir autrement.
Commençons par le début
Dans l’histoire de Bombardier, il était une fois 4 divisions :
- Avions commerciaux (C-Series) : donné (oui, oui, donné!) à Airbus pour 0 $ et 16 % des actions
- Ski-doo : vendu, mais renaît sous la bannière BPR (Bombardier Produits récréatifs)
- Avions d’affaires : la division des avions d’affaires Global sera peut-être vendue. Quelque 10 000 emplois sont en jeu
- Bombardier Transport : la division Transport de Bombardier concerne les trains et où il y a 1 000 emplois au Québec.
La grosse nouvelle de la semaine et celle qui inquiète le plus est sans aucun doute la vente des avions d’affaires à Textron (7 milliards) ou de la division Transport à Alstom (5 milliards). Toutefois, laissez-moi vous rassurer un petit peu : ce sera l’une ou l’autre des divisions qui sera vendue, pas les deux. Mais quand même…
En tant que Québécois, je préférerais conserver les avions d’affaires au Québec qui permettraient à quelque 10 000 travailleurs de garder leur emploi. Mais la décision ne me revient pas!
Je peux au moins sortir les chiffres, surtout ceux qui sont un peu plus difficiles à trouver, et les commenter dans cet article. Nous nous remémorerons aussi les grandes manchettes de Bombardier et un peu de son histoire.
Mais avant tout, laissons parler les faits.
Notre analyse vidéo
L’analyse vidéo de Bombardier en Bourse et les tempêtes de neige vous donnent le goût de vous acheter un jet privé pour aller faire un tour dans le sud? Vous pourriez aussi combler vos aspirations et suivre nos formations qui sont offertes à titre d’échantillons, gratuitement et sans inscription. Consultez cet article pour savoir comment investir en Bourse.
Explication sur comment négocier Bombardier en Bourse en 2020
1. Commençons par les chiffres des dernières années
2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | |
Ventes en millions | 18 151 | 20 111 | 18 172 | 16 339 | 16 199 | 16 236 | E 15 782 |
Profits nets en millions | 564 | -1,26 | -5,347 | -1,022 | -494 | 232 | E -606,8 |
Profits par action (nor.) | 0,29 | -0,17 | -0,88 | -0,21 | -0,034 | 0,12 | E -0,26 |
Dividende par action | 0,051 | 0,087 | |||||
Liquidité | 4,034 | 3,019 | 3,17 | 3,72 | 3,403 | 3,397 | |
Dette nette | 3,169 | 4,664 | 5,809 | 5,049 | 5,815 | 5,705 | |
Nombre d’action | 1,741 | 1,742 | 2,083 | 2,213 | 2,195 | 2,501 | |
Valeur comptable par action | 1,39 | 0,024 | -1,83 | -2,76 | -3,01 | -2,34 |
E pour estimation
Les résultats pour 2019 sont basés sur les 3 premiers trimestres et l’estimation, sur le 4e.
2. Ventes en millions chez Bombardier
Regardez les ventes dans le tableau et remarquez que nous ne sommes pas en hausse. Plusieurs investisseurs amateurs ont l’impression que les ventes de Bombardier augmentent. Cette impression vient probablement du fait qu’une grande partie de leurs ventes découlent de contrats, souvent spectaculaires, qui font la une des journaux.
Ceci crée une fausse idée que l’entreprise est en croissance, mais la réalité est tout autre : le nouveau contrat à la une des journaux remplace simplement celui qui vient de se terminer.
3. Profits nets en millions
Ouf! Quel yoyo! Très loin de la régularité d’un Métro ou d’un Saputo.
De plus, remarquez le profit en 2018 qui a été de 232 millions. Spectaculaire, me direz-vous! Mais si nous le divisons par les ventes, nous obtenons un modeste 1,4 % de profit sur les ventes.
Ce faible profit laisse très peu de marge de manœuvre à la direction de Bombardier en Bourse pour transformer l’entreprise. C’est dommage!
4. Profits par action (normalisé)
Le profit par action se calcule comme ceci : les profits divisés par le nombre d’actions.
Remarquez surtout que peu importe qu’il y ait des profits ou des pertes, le résultat demeure en petite décimal. Symptomatique d’une entreprise qui a vendu trop d’actions et dont le dénominateur de la division est trop grand.
Autrement dit, il y a beaucoup d’investisseurs qui se diviseront «la tarte» des profits futurs.
Même si tout va très bien dans les prochaines années, la hausse du titre sera limitée par le nombre élevé d’actions.
5. Dividende par action
Comme vous le savez sûrement déjà, le dividende a été coupé en 2014. Ceux pour qui cette annonce est une surprise, voyez par vous-même!
6. Liquidité
La liquidité est un concept intéressant, ça représente l’argent disponible immédiatement au compte.
7. Dette nette
La dette nette se calcule comme suit : la dette moins les liquidités. Ce calcul donne souvent une meilleure idée que simplement la dette.
La dette nette augmente de 1,8 fois depuis 2013. Pour une entreprise profitable ou en croissance, ce n’est pas un problème. Et souvent, ce n’est même pas un critère utilisé dans l’évaluation.
Mais pour une entreprise qui ne fait pas de profits (si je pense à une au hasard, disons Bombardier!) et dont le chiffre d’affaires est en légère baisse, c’est un problème. D’ailleurs, c’est probablement ce que les prêteurs n’aiment pas.
De plus, il me semble que Bombardier a constamment vendu des morceaux d’elle-même dans les 5 dernières années. Théoriquement, quand on vend quelque chose, on reçoit de l’argent. Et pourtant, la dette continue d’augmenter. En tout cas…
8. Nombre d’actions
Le nombre d’actions a augmenté de 43 % depuis 2013. C’est très important d’en prendre conscience puisque l’achat d’une action représente notre part au profit de l’entreprise qu’est Bombardier. Plus le nombre d’actions augmente moins notre partie de la tarte des profits sera importante.
Ce n’est pas ce que nous voulons, n’est-ce pas?
9. Valeur comptable par action
Il est intéressant de constater que la valeur comptable de l’entreprise est en baisse.
10. Conclusion pour les chiffres
Typiquement, un investissement à long terme se fera dans une entreprise en pleine croissance, qui a des profits réguliers et verse un dividende. Nous recherchons une stabilité dans le passé et dans l’avenir pour ces résultats. Le secteur et certains facteurs comme des acquisitions peuvent influencer notre choix.
Avec toutes les explications que j’ai données sur les chiffres, Bombardier en Bourse n’est définitivement pas un investissement à long terme.
Par contre, si vous avez envie d’en apprendre un peu plus sur l’investissement à long terme, je l’explique en détail dans le programme de formation à long terme.
11. Alors, c’est du swing trading?
Non, ce n’est pas non plus un investissement à faire en swing trading. Bon, je ne m’étendrai pas sur le sujet, mais puisque nous sommes à la baisse depuis un an, c’est difficile de faire des mini cycles à la hausse. Vous conviendrez qu’il est difficile de trouver des marches à monter dans un escalier qui descend. Simple logique!
12. Il ne nous reste donc que le moyen terme
Dans ce cas-ci, je crois que Bombardier en Bourse peut se qualifier facilement pour l’investissement à moyen terme.
Les zélés diront qu’il y a plusieurs critères qui ne qualifient pas Bombardier pour ce genre d’investissements, des raisons liées notamment au secteur et la croissance.
Mais comme je l’explique dans la formation, nous ne cherchons pas à disqualifier une entreprise pour l’investissement à moyen terme, mais plutôt à la qualifier.
Voici quelques points où Bombardier se qualifie haut la main :
13. Pour le moyen terme… Des surprises!
Une entreprise boursière capable de sortir des résultats surprises, c’est intéressant! Vous souvenez-vous de ce jouet : une boîte, une manivelle à tourner, une musique stressante et hop! Le clown sortait de la boîte! Hé bien, regardez bien les profits des dernières années, c’est véritablement un «Jack in the Box». Quelquefois, les surprises sont positives.
14. Pour le moyen terme… Le contrat
Une entreprise boursière pouvant signer un contrat qui peut tout changer… Il n’y a rien de plus vrai pour Bombardier en Bourse.
15. Pour le moyen terme… Dans l’actualité
Une entreprise boursière qui est dans l’actualité où il y a au minimum un article tous les mois. Ça parle d’elle-même!
16. Pour le moyen terme… Des changements à venir
Une entreprise boursière qui pourrait avoir des changements transformateurs.
17. Pour le moyen terme… À corriger, beaucoup!
Une entreprise boursière qui a corrigé beaucoup dans le passé. C’est dommage, mais l’investisseur amateur la perçoit maintenant comme une aubaine.
18. Pour le moyen terme… Capital d’amour irrationnel
Probablement le plus important point de la liste.
Une entreprise boursière pour qui les investisseurs amateurs ont une «émotion» et peu de valeur rationnelles (pensez au cannabis en 2018), et qui pourrait avoir de bonnes conditions pour créer une mini-bulle spéculative… C’est exactement ce qui s’est produit en juin 2018 lorsque le titre a atteint 5,50 $.
19. Pour le moyen terme… Facile de voir des profits
Vous avez le droit d’imaginer que cette entreprise pourrait, dans l’avenir, dégager des profits. Je vous le dis, c’est franchement possible.
Mais rêvons un peu plus! S’ils font 4 % de profits sur les ventes actuelles, c’est environ 640 millions. Ce qui est environ 0,33 $ par action. Avec une évaluation à 15 fois les profits, c’est 5 $ l’action.
Honnêtement, j’ai de la difficulté à comprendre comment, dans le secteur des avions d’affaires ou des trains, la compétition peut être si féroce qu’il soit impossible de dégager 4 % de profits. Le mystère perdure!
20. Investir dans Bombardier
Avec toutes ces informations, je crois que le titre est qualifié à moyen terme. Ceci ne veut pas dire de l’acheter! Cela veut simplement dire que ce titre est appelé à faire des cycles importants dans les prochains mois et que des stratégies de suivi de tendance, comme la théorie de Dow, des tendances, des moyennes mobiles ou le MACD, devraient particulièrement bien réagir. Et ça veut aussi dire qu’il y a un risque à la baisse un que la gestion du point de point d’entrée devient très importante.
À mon avis, ce genre de stratégie sera beaucoup plus efficace en 2020 qu’une évaluation classique de type cours/bénéfice, GARP, dividende ou valeur.
Référez-vous au programme de formation à moyen terme. Un des concepts est expliqué ici sous vidéo.
Parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en!
Après avoir parlé du présent, revenons aux nouvelles des dernières années.
Des années de manchette pour l’aéronautique
Si vous avez suivi un tant soit peu l’actualité, vous savez que 2018 et 2019 furent des années fructueuses en termes de manchettes pour Bombardier en Bourse : prise de contrôle de la C Series par Airbus, salaires élevés des dirigeants, controverses entourant les subventions gouvernementales et bien d’autres. Bref, une entreprise qui s’est maintenue dans l’actualité de manière positive ou non.
Voici les principales manchettes :
21. Bombardier perd la C Series
Souvenons-nous qu’en juin 2018, Airbus prenait officiellement le contrôle de la C Series de Bombardier. En octobre 2017, une entente avait été conclue entre l’avionneur européen et l’entreprise québécoise en Bourse : l’entreprise européenne détient maintenant 50,01 % tandis que la part de Bombardier s’élève à 33,76 % et celle du gouvernement québécois qui, rappelons-nous, avait investi 1 milliard de dollars américains est maintenant à 16,24 %.
22. Salaires élevés pour les dirigeants de Bombardier
L’augmentation du salaire des dirigeants de Bombardier a toujours été un sujet sensible au Québec. Le président et chef de la direction, Alain Bellemare, a vu son revenu atteindre 10,63 millions de dollars américains en 2017.
23. Parlons subvention!
Selon Jacques Roy, spécialiste en transport à HEC Montréal, le Canada serait le pays qui contribue le moins au domaine de l’aéronautique. En 2009, la recherche et le développement étaient financés à 16 % par le Canada. C’est 4 fois moins que les États-Unis qui financent son industrie aérospatiale à 63 %, moins encore que la France qui est à 27 % et le Royaume-Uni qui est à 21 %. En bon québécois, on fait dur!
24. Airbus investit à Mirabel
Airbus désire accroître la capacité de production des installations de Mirabel. Airbus fait cet investissement dans l’optique d’augmenter la cadence de production et ainsi, améliorer le processus d’assemblage de la C Series qui est devenu l’A220.
25. En mode vente
Nous apprenions la vente de la division de tuyauterie et de canalisations aérospatiales de Mirabel au groupe français d’aéronautique Lauak, leader mondial dans ce domaine. Le Syndicat des machinistes, très heureux de la transaction, affirme que ce sera une façon de sécuriser des emplois.
26. Combien d’employés?
Nous parlons très souvent des emplois chez Bombardier, mais combien d’employés y a-t-il vraiment? Si nous comptons aussi ceux liés aux activités ferroviaires, l’entreprise en aéronautique emploie plus de 10 000 personnes au Québec et plus de 50 000 personnes ailleurs dans le monde.
27. Emplois chez Bombardier
Justement, nous ne pouvons parler de Bombardier sans mentionner les emplois qui y sont souvent précaires. D’ailleurs, en novembre 2018, Bombardier a aboli 5000 emplois, dont 2500 au Québec. Cette nouvelle mise à pied est la plus grosse au Québec depuis environ 20 ans et frappera les ingénieurs, machinistes, employés de bureau et cadres. Cette annonce avait particulièrement déçu les investisseurs qui avaient puni grandement Bombardier.
Et maintenant, place à l’histoire!
Retournons dans le passé. Bombardier est une entreprise qui ne date pas d’hier. L’entreprise (et son fondateur!) a fait face à de nombreuses difficultés. Mais chaque fois, Joseph-Armand Bombardier s’est relevé les manches et a poursuivi son rêve.
28. Brevets
Joseph-Armand Bombardier possède 43 brevets au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni pour différents mécanismes, dont l’autochenille pour la neige, brevet qu’il a demandé le 21 décembre 1936 et obtenu le 29 juin 1937.
29. Autoneige B7
C’est en 1937 que Joseph-Armand Bombardier obtient son premier grand succès en commercialisant l’autoneige B7 qui peut accueillir jusqu’à 7 passagers. Le succès est tel qu’en 1939, l’usine ne suffit plus à la demande. Une usine moderne pouvant construire quelques 200 véhicules par année sera construite en 1940.
30. Le défi des années 40
Avec l’entrée en guerre du Canada, l’élan que connaît Bombardier est freiné. Mais ce ne sera pas assez pour empêcher J.-A. Bombardier de poursuivre ses ambitions. La guerre l’empêche de construire des véhicules pour les civiles, mais ne l’empêche en rien de se lancer dans le militaire, ce qu’il fera en répondant à une offre de service du ministère des Munitions et des Approvisionnements. Un mandat lui est alors confié : mettre au point un prototype d’autoneige militaire pour le transport des troupes dans les zones d’opérations enneigées en Norvège.
31. Période florissante pour Bombardier : l’après-guerre
Lorsque la guerre se termine, la demande pour les autoneiges civiles augmente. L’usine de 1940 est alors trop petite pour répondre aux demandes et en 1947, J.-A. Bombardier s’inspire du modèle de Ford pour créer son usine de montage en série d’une capacité de 1000 véhicules. La clientèle pour l’autoneige B12 se diversifie et trouve différents preneurs : transport en commun, transport de matériaux, pour la poste, les services ambulanciers et les sauvetages, mais aussi pour l’installation et l’entretien des lignes d’électricité, ligne de téléphones ainsi que les sites de prospection et d’exploitation.
32. Prospérité
L’entreprise de Joseph-Armand Bombardier réalise un chiffre d’affaires de 2,3 millions de dollars en 1947-1948. Avec des bénéfices de 324 000 dollars, nous pouvons dire que l’après-guerre apporte la prospérité à l’inventeur.
33. Nouvelles difficultés
L’hiver peu neigeux de 1948-1949 et la politique du gouvernement québécois qui consiste à faire déneiger obligatoirement toutes les rues sont néfastes pour Bombardier. Les ventes de l’entreprise chutent alors de près d’un million en un an. Mais ces difficultés ne font pas peur à J.-A. Bombardier, il y voit plutôt un défi, une occasion de diversifier ses produits. Il travaille donc sur différents prototypes afin que ses clients puissent s’aventurer sur toutes les sortes de terrains : le Bombardier Truck, le modèle C4 et B5, la Série R. Mais c’est grâce au TTA (Tractor Tracking Attachment) que l’entreprise est véritablement relancée.
34. Autonomie et indépendance pour Bombardier
En 1953, la première filiale de Bombardier naît : Rockland Accessories Ltd. Cette filiale est le résultat de l’insatisfaction de J.-A. Bombardier et des difficultés à trouver des pièces de caoutchouc de qualité. Celle-ci a comme mandat de fabriquer toutes les pièces en caoutchouc pour Bombardier. Mais il n’y a pas que ces pièces qui posent problème, la chenille des véhicules n’est pas en un seul morceau et comporte donc plusieurs boulons qui réduisent son efficacité. L’inventeur poursuit ses recherches et met au point un procédé de vulcanisation permettant de produire une chenille en un seul morceau. Grâce à sa recherche d’autonomie et son désir d’indépendance, J.-A. Bombardier pourra commercialiser des véhicules plus fiables et performants.
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Bon trading tout le monde!