Deux groupes de télécommunications, Altice USA et Rogers Communications, ont présenté une offre d’achat de 10,3 milliards de dollars à Cogeco. L’entreprise boursière détenue par la famille Audet a rapidement refusé l’offre.
Une question persiste : pourquoi cette offre alors que l’entreprise québécoise ne l’a jamais sollicitée?
Les intentions claires de Rogers et Altice
L’entreprise boursière Altice USA (NYSE : ATUS) ne cache aucunement son intérêt à acquérir Atlantic Broadband, la division américaine de Cogeco qui compte pour 40 % de son chiffre d’affaires aux É.-U.
En 2012, Cogeco a acquis Atlantic Broadband pour 1,4 milliard de dollars américains. L’entreprise américaine, neuvième câblodistributeur sur le marché américain, est présente dans 11 états de la côte est des États-Unis.
Sans surprise, l’objectif de Rogers et Altice USA est de se partager Cogeco. Atlantic Broadband, valorisé à 4,8 milliards, pour Altice, et les activités canadiennes de Cogeco et Cogeco Communications cédé à Rogers pour environ 4,9 milliards de dollars.
Sauf que la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) y détient une participation de 21 %. Nul doute qu’elle aura son mot à dire dans cette histoire!
Gestion Audem dit non!
La famille Audet (Gestion Audem) a dit non! Elle a refusé l’offre de 800 millions de dollars pour ses actions à vote multiples. Bien que la famille ne détienne que 10 % des actions de Cogeco, elle a 69 % des droits de vote.
Louis Audet, président exécutif du conseil de Cogeco, n’a que 68 ans et clame haut et fort n’avoir aucunement l’intention de prendre sa retraite bientôt pour parcourir les terrains de golf sous le soleil.
Mais il n’est pas le seul à avoir dit non, le gouvernement de François Legault aussi. Pour le premier ministre, il n’est pas question que le siège social de Cogeco déménage en Ontario. C’est déjà arrivé! C’est l’histoire qui nous le dit.
En 2004, Rogers a acheté la société montréalaise de téléphonie sans fil Microcell (Fido) et a déménagé le siège social à Toronto. Les chances sont minces que Rogers garde le siège social de Cogeco au Québec.
Le gouvernement et Louis Audet désirent la même chose : garder l’entreprise québécoise au Québec.
Roger le vautour
Roger le vautour plane au-dessus de Cogeco. Et ça ne date pas d’hier. Cette offre n’est donc pas vraiment une surprise, puisque Rogers convoite le Québec depuis longtemps.
En 2000, l’entreprise en Bourse avait tenté de mettre la main sur Videotron, mais Québecor avait remporté la surenchère grâce à la Caisse de dépôt et placement du Québec. Depuis, Rogers achète des actions de l’entreprise québécoise. Mine de rien, elle détient aujourd’hui 41 % des actions en Bourse de Cogeco (TSX : CGO) et 33 % des actions de Cogeco Communications (TSX : CCA).
N’oublions pas le vide géographique qui pèse sur Rogers. Ses services d’internet haute vitesse et télé par câble sont offerts en Ontario, au Nouveau-Brunswick et à Terre-Neuve. L’achat de Cogeco, dont les activités sont principalement au Québec et en Ontario, viendrait combler ce vide.
Roger le vautour est patient. Il plane et tournoie au-dessus de sa proie.
Peut-être qu’il l’aura à l’usure?
Cogeco en bref
Cogeco a été fondée en 1957 par Henri Audet. Aujourd’hui, c’est son fils, Louis Audet, qui en est le président exécutif du conseil. Malheureusement, la relève de la famille Audet n’y ait pas.
Cogeco Media possède 22 stations de radio au Québec et 1 en Ontario.
Cogeco Communications : câblodistribution, internet, téléphonie résidentielle
Aucun effet négatif à cause de la COVID puisque les revenus sont en hausse au dernier trimestre.
L’entreprise boursière a 3700 employés en Amérique du Nord, dont 3150 au Canada.
Rogers en bref
Rogers a été fondée en 1960 par Ted Rogers.
L’entreprise canadienne en Bourse est présente au Québec par ses services de téléphonie sans fil et partout au Canada pour le sans-fil, câble/internet haute vitesse/téléphonie et les médias. Sauf au Québec, bien entendu!
Rogers possède 55 stations de radio au Canada, mais aucune station au Québec.
Elle a 3000 employés au Québec grâce à sa filiale Fido.
Classement par ventes
- Bell : 24 milliards
- Rogers : 15,1 milliards
- Québecor : 4,2 milliards
- Cogeco : 2,4 milliards
- Altice : 9,7 milliards
Tous ont une croissance de 3 % pour les ventes, toutes en profits.
OK, c’est beau, mais on fait quoi comme transaction sur Cogeco?
Et c’est ici que cela se complique.
Vu la grosseur de l’entreprise, ce n’est pas absolument du moyen terme.
Les titres ont déjà poussé beaucoup à la hausse, nous avons alors manqué le creux pur du swing trading. Et on ne va faire un achat avec un creux 20 % plus bas, cela serait suicidaire…
Pour le long terme, avec une croissance de 3 % par année et un dividende de 2,5 %, s’il n’y a pas d’acquisition, c’est plutôt « un investissement grand-père tranquille ». Je ne sais pas pour vous, mais moi, je ne suis pas en bourse pour faire de 5,5 % par année (3 %+2,5 %)… Mais c’est peut-être votre cas et dans ce cas, le risque est relativement faible. Après tout, il y a un acheteur qui garantit une forme de support au prix artificiel.
Il nous reste le daytrading, le titre devrait demeurer dans l’actualité pour quelques jours, voire semaines et la volatilité quotidienne devrait être importante. Je crois qu’il devrait être à votre écran pour les prochains jours.
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Bon trading tout le monde!